29 octobre, 2006

Maudits Québécois?

En 2005, le Québec a accueilli 43 000 immigrants. Plusieurs d’entre eux ont cependant plié bagage quelque temps après pour s’en retourner d’où ils étaient venus : en France. Quelle mouche noire pique donc nos cousins? Par Geneviève Allard

De 2001 à 2005, plus de 3 500 Français sont débarqués au Québec, soit autant que les Chinois. C’est sans compter les milliers d’étudiants et les 4 000 travailleurs temporaires français qui résident dans la province et qui sont tous des immigrants potentiels.

Cependant, bon nombre retournent finalement au bercail, parfois amers et déçus. Selon des données recueillies par le démographe Marc Termote, affilié à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), un immigrant français sur cinq a regagné ses terres après deux ans et demi. Seulement la moitié serait encore au Québec au bout de huit ans.

«Nous savons que des centaines de familles quittent le Canada chaque année, mais il s’agit seulement de celles qui passent par le consulat pour organiser leur retour en France. Leur nombre total est difficile à quantifier», confirme Arnaud Putz, ex-conseiller en emploi pour le Consulat général de France à Montréal, récemment retourné chez lui, après un mandat de deux ans à titre de volontaire international auprès du Consulat.

Quelle mouche noire pousse nos cousins à déserter leur terre d’accueil? Le coupable, c’est le travail, ou plutôt le manque de travail. C’est ce qu’entend régulièrement Edwige Durand, présidente de Montréal-Accueil, une association spécialisée dans l’accueil des travailleurs temporaires français. «Le plus grand facteur de frustration des personnes qui rentrent en France reste l’emploi. Soit ils n’ont pas trouvé d’emploi, ou celui qu’ils espéraient, soit leurs diplômes ne sont pas reconnus, ce qui les empêche de travailler dans leur domaine, notamment comme médecin ou infirmière.»

Arnaud Putz confirme ces frustrations vécues par ses concitoyens. «Pour les avocats, les infirmiers et les médecins, il est difficile de se faire accepter par les ordres professionnels qui régissent ces professions. Et parfois la procédure implique des frais ruineux.»

Pourtant, le Québec a adopté une politique d’immigration très ouverte pour les francophones. Mais selon le Consulat général de France à Montréal, un projet d’expatriation au Québec se prépare pendant au moins deux ans, compte tenu des délais pour l’étude des demandes effectuée par les autorités québécoises. Cette période est nécessaire pour amasser suffisamment d’argent pour vivre à Montréal durant six mois sans travailler, délai moyen pour l’obtention du premier emploi.

Aussi, l’institution suggère d’apprendre l’anglais et de se documenter sur les différences socioculturelles entre la France et le Québec, si possible en venant faire un séjour dans la province.

Plus vert ailleurs
Venu au Québec une première fois en 1992 pour étudier, Tristan Geoffroy a suivi à la lettre les recommandations du Consulat. Il y est revenu en 1998 accompagné de sa conjointe Nadia, cette fois pour travailler. Mal du pays lui en prit, le couple est retourné en France en 2003, avant de revenir ici une quinzaine de mois plus tard. Pour de bon! promettent-ils. «Les conditions de travail sont meilleures ici, les salaires sont plus élevés et les loyers plus bas», explique Nadia.
«J’ai reçu toutes sortes de commentaires concernant l’intégration des Français sur le marché du travail québécois, explique Edwige Durand, de Montréal-Accueil. Certains sont très satisfaits et se sont bien intégrés. D’autres, moins bien, faisant face à une certaine hostilité. J’ai vu le cas d’un assureur qui était obligé de parler anglais parce que les Québécois trouvaient son accent pointu! En fait, je pense qu’il s’agit d’une question de personnalité, aussi bien d’un côté que de l’autre, et que cela dépend du domaine d’activité. En général, ça se passe très bien.»


Immigrants admis au Québec selon la catégorie détaillée, 2001-2005

105 650 travailleurs qualifiés = 52,2 %

11 867 gens d’affaires = 5,9 %

44 186 regroupement familial = 21,8 %

9 323 réfugiés pris en Charge par l’État = 4,6 %

Pierre Salducci est arrivé de France en 1989 pour faire un doctorat sur la littérature québécoise. Il n’y est jamais retourné. «Ce n’est pas une immigration décidée d’avance. Ça s’est fait par hasard, avec le temps», dit-il. Il a vécu à Montréal pendant un peu plus de 10 ans et a acquis une solide réputation comme écrivain dans le monde de la littérature gaie.

«Tous mes rêves se sont réalisés au Québec : je voulais travailler dans l’édition, je l’ai fait. Je voulais être critique littéraire, je l’ai fait. Je voulais faire de la télé, je l’ai fait. Je voulais écrire des livres, je l’ai fait. Et tout ça aurait été impossible en France. Je suis très reconnaissant au Québec de m’avoir donné la chance de faire tout ça.»

Mais Pierre Salducci a finalement quitté le Québec, lui aussi. Il est aux îles Canaries depuis un an, où il est copropriétaire d’un café Internet avec son conjoint. L’écrivain justifie sa décision de façon véhémente, même si Montréal était «un paradis pour les gais». «La situation économique du Québec se détériore; il fait trop froid; il y a un manque évident de culture; la langue française est maltraitée; et je ne me voyais tout simplement pas y vieillir. C’est de plus en plus difficile d’être prospère au Québec lorsqu’on est un intellectuel ou un artiste.»

Selon la présidente de Montréal-Accueil, Edwige Durand, la mauvaise qualité des institutions publiques québécoises est souvent une source de déception pour les Français. «Le niveau, jugé bas, de l’éducation publique, pour ceux qui ne peuvent payer des écoles privées, et l’impossibilité de trouver un médecin de famille ou de bénéficier de visites à domicile pour les enfants malades peuvent être des facteurs de frustration.» L’éloignement de la famille, la politique et le climat sont aussi des facteurs non négligeables dans la décision de certains de revenir sur leur choix.

«C’était une immigration par choix, et quand tu fais des choix, tu peux toujours revenir sur ta décision. Après 10 ans ici, je peux dire qu’aucun des deux pays n’est mieux que l’autre, c’est simplement différent», fait remarquer Florence Lepage, une amie du couple Geoffroy, qui habitait sur le Plateau-Mont-Royal mais qui a tout plaqué cet été pour regagner ses pénates en France, avec mari et enfant.

«Les Français qui retournent chez eux ne voient pas nécessairement leur immigration comme un échec ou une mauvaise expérience. Il s’agit seulement de la fin d’une expérience», juge Arnaud Putz.

Alors, Québécois, ne le prenez pas personnel!


Des immigrants qui parlaient le français à leur admission en 1995, 87 % étaient toujours au Québec en 2006. Chez ceux qui ne connaissaient que l’anglais, ce pourcentage baisse à 75 %, ce qui est presque identique à celui des immigrants ne connaissant ni l’une ni l’autre des deux langues officielles (74,8 %).

Sur les 332 000 immigrants admis au Québec de 1995 à 2004, plus de 80 % étaient toujours sur place en 2006. de la cohorte admise en 1995, 75,6 % vivent encore ici aujourd’hui.

source: Magazine Jobboom Vol. 7 no. 9 octobre 2006

Terre d’écueils

Les immigrants arrivent au Québec avec des rêves plein leurs valises et la ferme intention de se trouver un bon emploi. Mais, souvent, les réalités du marché du travail les ramènent cruellement sur terre. Par Léa Roboam

À Rome, on fait comme les Romains! C’est à eux de faire des concessions pour s’adapter!»

Cette réaction, Pierre Jetté, agent à la Direction de la coopération et de l’éducation à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, l’entend souvent de la part des responsables en ressources humaines qu’il rencontre lors des ateliers et conférences qu’il donne en entreprise. Il y constate que la gestion de la diversité culturelle n’est pas chose facile, surtout lorsqu’il s’agit des revendications religieuses de certains immigrants, qui souhaitent avoir accès à des locaux de prière, notamment. Ces revendications sont mal reçues, «car avec la religion, on touche au cœur de l’identité des individus et de ce qui fonde l’identité québécoise», note-t-il.

En visite en France au printemps dernier, le premier ministre Jean Charest vantait pourtant le modèle d’intégration des immigrants québécois. Alors pourquoi les immigrants qui ont des noms à consonance étrangère ont-ils du mal à trouver du travail? Parce qu’ici, comme en France, la discrimination à l’embauche existe! Des deux côtés de l’Atlantique, les médias rapportent des histoires de CV aux noms étrangers qui finissent à la poubelle, contrairement aux noms plus «gaulois», qui décrochent une entrevue. «Depuis la guerre du Golfe, les arabo-musulmans sont les plus stigmatisés», constate Ana Luisa Iturriaga, directrice de Québec Multi-Plus, un organisme spécialisé dans les relations interculturelles en milieu de travail. «Ce type de discrimination envers les musulmans n’a fait qu’empirer après le 11 septembre 2001, avec des répercussions sur les Bangladais et les Pakistanais.»

Mais l’actualité internationale est-elle seule responsable des difficultés des immigrants, que le Québec souhaite accueillir toujours plus nombreux?

Inadéquation
Rappelons que le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec (MICC) vise 46 000 admissions en 2006 et 48 000 en 2007, une augmentation de plus de 27 % par rapport à 2002. Diplômes et expérience professionnelle constituent des critères importants dans la sélection des candidats à l’immigration. Or, ces mêmes diplômes et expérience, supposés ouvrir les portes du marché du travail, ne sont pas – ou peu – reconnus par les employeurs et les ordres professionnels.
Les nouveaux arrivants débarqués ici avec beaucoup d’attentes déchantent vite et se sentent floués.
«Le Québec accueille des immigrants plus scolarisés qu’avant, ayant fait davantage d’études postsecondaires que la population canadienne ou québécoise, en pensant qu’ils s’intégreront plus facilement. Mais cela n’est pas nécessairement le cas. Les immigrants sont choisis selon leur scolarité et non leur métier, et il n’y a donc pas d’adéquation entre les postes disponibles sur le marché du travail – techniciens et travailleurs non spécialisés – et le profil des personnes sélectionnées, qui sont souvent des diplômés universitaires», explique Marie-Josée Duplessis, coordonnatrice du volet intégration à la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes. «En revanche, nuance-t-elle, choisir les immigrants selon les besoins du marché du travail a aussi ses limites puisque les délais de traitement d’un dossier d’immigration pouvant prendre plusieurs années, une profession demandée peut très bien ne plus l’être quand la personne est enfin autorisée à immigrer au pays.»

Pour remédier à cette inadéquation, le ministère met en place, cet automne, une nouvelle grille de sélection des immigrants «visant à favoriser plus de travailleurs qualifiés, ouvriers et techniciens, qui répondent aux besoins exprimés par les employeurs, en région notamment», explique Claude Fradette, porte-parole du MICC.

Entre-temps, les nouveaux arrivants débarqués ici avec beaucoup d’attentes déchantent vite et se sentent floués. «“On m’a menti!”, “J’ai été trahi!” : voilà ce qu’ils nous disent», témoigne Mme Iturriaga.


Immigrants admis au Québec et au Canada

QUÉBEC CANADA PART DU QUÉBEC

2001 37 537 250 642 15,0 %

2002 37 629 229 046 16,4 %

2003 39 583 221 355 17,9 %

2004 44 246 235 824 18,8 %

2005 43 373 262 157 16,5 %

La barrière des ordres
Premiers au banc des «accusés de trahison» : les ordres professionnels. Sonia Delaunay (le nom a été changé), immigrante française, en sait quelque chose. «Accueil hautain, peu d’information» : elle n’a pas trouvé l’ordre qui régit sa profession à l’écoute des nouveaux arrivants en ce qui a trait à la reconnaissance de leur diplôme et de leur expérience professionnelle. Après l’étude de son dossier et l’évaluation de sa formation, «une lettre laconique» lui apprend qu’elle a échoué à cet examen. «Ils ont ignoré mes 12 ans d’expérience et se sont attardés à des questions de différence de vocabulaire entre la France et le Québec, me laissant entendre qu’en France, nous n’étions pas aussi bien formés qu’ici», dénonce Mme Delaunay.
Or, toutes les régions du Québec sont aux prises avec diverses pénuries de professionnels. Indépendance et mission de protection du public sont les principes qui régissent le fonctionnement des ordres professionnels, indique Ana Luisa Iturriaga, et ces mêmes principes justifient leurs critères de sélection. «C’est du protectionnisme!» rétorque Mme Delaunay.


Reste que, pénurie de personnel oblige, le gouvernement québécois a décidé au printemps dernier de travailler entre autres avec l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, et d’autres ordres liés aux professions médicales, pour assouplir les modalités de reconnaissance des formations et des diplômes obtenus à l’étranger. Une dizaine de groupements sont actuellement concernés, d’autres devraient l’être dans les années à venir. Les assouplissements prévus par la loi concernent essentiellement la facilitation et l’accélération de délivrance de permis. Sans établir de calendrier précis, le MICC espère des résultats tangibles d’ici à un an, mais pouvant aller jusqu’à quelques années, selon les ordres et le besoin de personnel dans les professions concernées.

Embaucher ses semblables
Devant la rareté de la main-d’œuvre, nombre d’employeurs québécois ne s’arrêtent pas aux origines des travailleurs et cherchent avant tout des personnes compétentes. Certaines habitudes tenaces laissent cependant encore peu de place aux immigrants.
Marie-Thérèse Chicha, professeure en relations industrielles à l’Université de Montréal, l’a constaté. «Cela me surprend toujours que des entreprises, qui essaient pourtant de se convertir à la diversité culturelle, continuent de recruter à partir de leur réseau de connaissances. Elles ne se rendent pas compte de l’impact de ces pratiques qui font que l’on embauche ceux qui nous ressemblent.»

Mais ce n’est pas le cas de tous. Dessau-Soprin, entreprise lauréate en 2006 du prix Maurice-Pollack, décerné par le MICC pour féliciter les actions en matière d’intégration, a des pratiques originales. Outre les programmes d’accès à l’égalité et à l’équité en emploi, cette société d’ingénierie et de construction de Laval a créé, au printemps 2005, des «postes d’entrée», c’est-à-dire des postes qui permettent à des immigrants techniciens ingénieurs ou ingénieurs qui n’ont pas encore d’expérience locale ni l’autorisation d’exercer de faire leur entrée sur le marché du travail québécois.

«Nous leur confions des tâches moins névralgiques mais au moins, ils travaillent dans leur domaine, et leur expérience antérieure est reconnue», explique Benoit Pouliot, conseiller aux ressources humaines. Ces professionnels sont promus à des fonctions plus importantes dès qu’ils reçoivent le feu vert de leur ordre professionnel pour exercer légalement leur profession. Une dizaine de personnes ont déjà bénéficié de ce dispositif chez Dessau-Soprin. La compagnie n’a toutefois pas l’exclusivité de cette pratique. D’autres entreprises ont recours aux postes d’entrée. «Les plus ouvertes en la matière sont celles qui œuvrent dans la finance, la consultation ou le génie civil, domaines qui connaissent une pénurie de main-d’œuvre», explique Dimitri Girier, conseiller en emploi à l’Agence montréalaise pour l’emploi.

Le marché du travail québécois a ses exigences. Les immigrants l’abordent en cumulant souvent trois handicaps : «le manque d’expérience locale, la méconnaissance du marché de l’emploi et l’absence de réseau de connaissances», énumère Ana Luisa Iturriaga. Mais il y a aussi la méconnaissance des règles de la société d’accueil, ajoute-t-elle. Il faut prendre le temps de déchiffrer les codes de conduite et de s’adapter. «Un comportement admis dans son pays d’origine peut être très mal perçu au Québec.»

Rome ne s’est pas faite en un jour…


Il existe un préjugé qui dit que les immigrants seraient moins vaillants. Les chiffres témoignent pourtant du contraire : 74,9 % des immigrants débarqués de 2001 à 2005 envisageaient de se joindre à la population active. La moyenne québécoise pour la même période est de 65,2 %.

Ils viennent de partout, mais semblent tous viser la même destination. De 2001 à 2005, 88 % des immigrants au Québec se sont établis dans la région métropolitaine, la majorité d’entre eux s’installant sur l’île de Montréal.

Parmi Les immigrants arrivés au Québec de 2001 à 2005, plus de 77 % avaient une scolarité supérieure aux études secondaires, telles qu’on les connaît ici. Seuls 3,2 % des immigrants n’avaient pas dépassé l’école primaire.

Raisonnable?

L’employeur est-il tenu de fournir un local de prière à son employé musulman qui lui en fait la demande? «Cela dépend…», répond Pierre Jetté, agent à la Direction de la coopération et de l’éducation à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. «Selon la Charte des droits et libertés de la personne, l’employeur doit respecter le droit à l’égalité pour tous et ne peut discriminer les gens en fonction de leur religion. Il a l’obligation d’accommodement raisonnable – une obligation de moyens et non de résultat, précise-t-il. L’employeur doit trouver pour son employé une solution dans les limites du raisonnable, sans contrainte excessive pour lui.» Autrement dit, le chef d’entreprise doit démontrer qu’il a cherché à résoudre la question, qu’il s’en est donné les moyens, mais il peut, pour des raisons matérielles, ne pas y parvenir.

Un accommodement qui entraînerait des frais financiers importants ou nuirait au bon fonctionnement de l’entreprise est considéré comme trop contraignant. Ainsi, l’employeur n’a pas à construire un local pour satisfaire son employé mais, si une pièce est disponible et qu’il lui en refuse l’usage, il peut être accusé de discrimination et, par conséquent, être sanctionné. L’employé doit lui aussi faire preuve de bonne foi dans la recherche d’un compromis.

Chez Dessau-Soprin, société d’ingénierie et de construction basée à Laval, un employé peut utiliser une salle libre pour prier s’il se montre discret et qu’il rattrape cette «pause» sur son temps de travail. «Quelle différence entre une pause prière et une pause cigarette?» demande Benoit Pouliot, conseiller en ressources humaines dans cette entreprise. «Je sais que des employés font leurs prières dans nos bureaux, mais je ne saurais vous dire qui ni où», confie-t-il. La discrétion favoriserait-elle la tolérance? (L. R.)

Source :Magazine Jobboom Vol. 7 no. 9 octobre 2006

13 octobre, 2006

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